L1 UPPA 2015-2016
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
Le deal à ne pas rater :
Funko POP! Jumbo One Piece Kaido Dragon Form : où l’acheter ?
Voir le deal

LFF3 LITTERATURE DU XX

Aller en bas

LFF3 LITTERATURE DU XX Empty LFF3 LITTERATURE DU XX

Message par 0laf Mer 30 Sep - 14:38

LITTERATURE DU XXème SIECLE


Littérature et cinéma




Peut-on rapprocher littérature et cinéma uniquement en tant qu’arts de la narration ?



Programme :

Littérature versus cinéma ?
Perec et Queysanne
Ponge et Pollet


Cours 1 : Littérature versus cinéma ?


Un homme qui dort, G. Perec (incipit) :
description paradoxale et provocatrice, il décrit ce qu’on voit les yeux fermés, P cherche à désarçonner le lecteur.
extrait du film de Queysanne et Perec :
le montage repose sur deux séries d’images, le jeune homme et l’extérieur (rue, chambre à côté), les sons sont agressifs comparés au silence de l’homme
opposition entre le «rien» du livre et le film qui par nature donne quelque chose à voir, de net, on voit les bruits => rapport intériorité/extériorité
le texte est plus visuel mais ne montre rien, le cinéma ne peut pas ne rien montrer donc il montre des bruits : ce que le personnage entend les yeux fermés

«De l’eau», Le parti pris des choses, F. Ponge :
écriture auto-réflexive = réflechir sur l’écriture et la poésie
il y aura toujours un écart entre l’esprit, le langage et le monde ; interrogation sur la puissance du langage
extrait du film de Pollet :
l’adaptation repose sur le texte ainsi que sur une interrogation sur ce qu’est la poésie, le cinéma de poésie existe-t-il ?
le langage est utilisé comme un matériau, on jour sur le langage et sa musicalité
le propre du cinéma de poésie, son matériau, est le mouvement (de par le rythme et le montage) et le rapport son-image (A/V)

Les deux sont des arts de la narration et de la poésie.
On peut observer plusieurs rapports entre ces arts :
rapport de concurrence : est ce que l’un des deux médias va tuer l’autre ?
rapport de comparaison : une histoire racontée par des mots, une histoire racontée par des images
rapport de convergence : là où les deux arts se retrouvent
rapport d’adaptation : la difficulté d’adapter une oeuvre avec un autre support




I. Concurrence



La cinématographie permet dès 1895 de passer d’écrire le mouvement à enregistrer le mouvement. Ce sont les frères Lumière, deux industriels de la photo qui ont eu l’idée d’assembler les images à la suite (24 images/sec = stop motion). Georges Méliès est le premier inventeur des effets spéciaux (L’homme à tête de caoutchouc : on remarque sur le plan est fixe et que nous avons deux images superposées).
Les écrivains voient d’un très mauvais oeil ce nouveau support mais sont partagés entre répulsion et admiration. Cette rivalité se focalises sur deux aspects :
une pauvre imitation de la vie : Maxime Gorki décrit le cinéma en 1896 comme étant «l’ombre de la vie» car muet et en noir et blanc
un sous-art : trente quartre ans plus tard, Duhamel dans Scènes de la vie future, considère le cinéma comme un art de la bêtise, mécanique, qui ne soulève aucune question, un art de l’illusion
On voit bien ici un parallélisme avec l’allégorie de la caverne de Platon. En effet, le cinéma mous montrerait que des ombres et des reflets de la vie, tout comme dans le mythe.
La photographie, comme le cinéma, est un art mécanique qui nécessite un enregistrement et l’utilisation de machines. Mais on voit également monter un autre courant de pensée :
la critique idélogique du cinéma : Jorge Semprun dans Que peut la littérature ? va s’axer sur l’aspect politique et économique, la réflexion se posant sur la consommation de la culture et l’utilisation du support audiovisuel comme moyen de propagande





I. Comparaison


Différences : le langage est un code quand les cinéma est une analogie. Le langage atteint les concepts et l’image la perception. De plus, on a de côté un art individuel et de l’autre un art collectif.

Ressemblances : les deux supports racontent des histoires, travaillent notre imaginaire, nos émotions, nos sensations, nos sentiments. Les deux arts traitent massivement de fiction, et les deux sont des arts de la narration.
La narratologie est la science qui étudie la narration. Elle se base sur la focalisation (qui raconte), le système des personnages, le problème d’espace et la temporalité (analèpses, prolèpses)
Le scénario est à la croire du littéraire et du cinématographique. Est-ce un roman ou un simple document technique utile à la production ? Oui, c’est un objet de production utilisé pour convaincre mais certains sont tout de même publiés.
L’adaptation est également à la croisée de ces deux mondes car le cinéma puise massivement dans la fiction ou le théâtre mais la novellisation existe aussi. Plusieurs grands noms sont spécialisés dans l’adaptation :


USA
Welles (beaucoup de Shakespeare)
Kubrick (Burgess:Orange Mécanique ; Stephen King:Shining ; Shnitzler ; Clarke:Odyssée de l’espace ;  Nabokou:Lolita)
Scorcese (seulement des adaptations à partir des années 80 : Shutter Island, Loup de Wallstreet)
Italie
Visconti (Lampeduse:Guépard ; Camus:L’étranger ; Mann:Mort à Venise)
Pasolini (puise dans les textes fondamentaux
France
Renoir (Flaubert:Bovary ; Zola:Nana,Bête Humaine en 1936 avec Jean Gabin hommage à Zola par la citation, la signature et le portrait puis immédiatement pouvoir de l’image animée, mouvement, le cinéma se met en marche et passe le relais)
Bresson (inspiré par Diderot, Tolstoï, Dostoïevsky)
Nouvelle vague
Truffaut (s’inspire du roman noir anglais qui pourtant diffère de la nouvelle vague qui est pourtant centrée sur un scénario propre comme Scorcese)
Godard (roman noir maisen réalité seulement un prétexte, un point de départ ; le rapport à la littérature est désacralisé, l’attitude irrévérencieuse dans une femme est une femme en 1961 où les livres sont réduits au titre, culture industrielle)





III. Convergence


Dès l’apparition du cinéma, beaucoup y voient un relais, une priorité donnée au visuel et au puissant montage. Les poètes sont intéressés par sa visualité. Max Jacob est séduit par son authenticité et essaie de trouver un équivalent poétique au montage cinématographique.
années 20, l’avant-garde : les surréalistes aiment le cinéma et s’y essaient comme Bunuel (Chien Andalou), Cocteau ou encore Man Ray.
années 40-50 : Pagnol, Malraux, Giono
années 60, le nouveau roman : avec Butor, Sarraute ou Duras, on observe une narration qui disparaît au profit de la description et d’une écriture purement visuelle. Dans texte (Robe-Grié?), on observe comme un montagne alterné, les raccords permettant de passer d’un thème à un autre par les motifs visuels et sonores : primat de l’audiovisuel. RG, en plus d’être cinéaste, a écrit des romans, des scénarios et du ciné-roman. Resnais (59:Hiroshima mon amour scénario de Duras ; 60:L’année dernière à Marienbad bizarre car divorce image/son, on comprend progressivement que c’est une pièce de théâtre et qu’il y a donc une mise en abîme, une auto-réflexiité, réflexion sur la fiction. On observe une parfaite complémentarité.





Cours 2 : Perec, Un homme qui dort (1967/74)


INTRODUCTION

Biographie : Perec (1936-1982) est d’origine polonaise, il passe son enfance à Paris dans le XXè. Pendant la Seconde Guerre Mondiale, son père meurt et le reste de sa famille est déporté à Auschwitz. Il fait des études de lettres et de psychologie mais est sujet à une grave dépression. Enseignant en Tunisie, il travaille également pour le CNRS et suit de près le travail de Roland Barthes. 65 : Les choses (primé) / 66 : Quel petit vélo à guidon chromé au fond de la cour (sur la Guerre d’Algérie, toutes les figures de style y sont répertoriées) / 67 : Un homme qui dort. Il rejoint en 67 l’OuLiPo (Ouvroir de Littérature Potentielle) dont Queneau fait partie. Avec les textes à contrainte, on change de modèle de création, l’écrivain n’est plus une figure romantique du génie dont l’inspiration serait divine. La loi, la règle n’est pas une privation de liberté mais un moteur de création. Les membres de l’OuLiPo favorisent les jeux de langage comme les mots croisés, les palindromes (In girum imus nocte ecce et consumimur igni / Nous tournoyons dans la nuit et nous voilà consumés par le feu), les pangrammes (toutes les lettres de l’alphabet dans une phrase : Portez ce vieux whisky au juge blond qui fume), les hétérogrammes (mot ou phrase dans laquelle une lettre apparaît au plus une fois) et les lipogrammes càd écrire sans une lettre par exemple «e» dans La disparition (sans e/sans eux). 72 : Les revenentes (monovocalisme en e) / 78 : La vie : mode d’emploi (raconte la vie d’un immeuble)

Principes esthétiques : on peut dire du travail de Perec qu’il est insolite, orinique, qu’il échappe à l’analyse et à la critique. Sa recheche de la banalité et du dérisoire en fait une oeuvre paradoxale.
influence du réalisme :regarder le monde avec un regard neuf. Le réalisme a à voir avec l’engagement, c’est un appel à transformer le réel. Le réalisme est une réaction au romantisme (Zola 1885 : Germinal)
influence de Brecht (dramaturge et théoricien du XX) ; théorie de la distanciation : le spectateur doit comprendre ce qui est représenté. Cette esthétique oppose l’émotion à la raison et la connaissance, elle fait appel à l’intelligence. Elle casse l’illusion théâtrale et empêche de s’identifier, empêche l’immersion. Elle met à distance pour favoriser la réflexion (à l’inverse de Zola qui reste dans l’émotion).
influence de Lukacs, idée de l’ironie : l’auteur pense que le personne a tort et montre comment il se trompe. Il existe des anti-héros dans ce cas : Don Quichotte ou Madame Bovary qui vit sa vie par procuration et souffre du divorce entre le monde réel et imaginaire
influence de Melville et Kafka pour Un homme qui dort placé sous le signe de l’indifférence et du rire. Les choses est une dénonciation de la société de consommation.
Perec tente d’échapper à l’opposition contenu (réalisme) / forme (critique, ironique, distanciation) et cherche une fusion, une synthèse.


I. LE LIVRE (1967)

1.Veille et sommeil


a) Titre
Le titre a plusieurs sens. Le sens propre : un homme qui dort ; et le sens figuré : un homme présent dans la société sans y être présent, avec son lot d’incertitudes.
«Un homme qui dort tient en cercle autour de lui l’ordre des années et des mondes.» : intertexte, manière de citer Proust par l’intermédiaire d’allusions. Les auteurs sont nourris d’une certaine culture littéraire, Perec sait qui le précède. Si on suivait Proust, un homme qui dort aurait sa conscience entre parenthèses, en veille, il se mettrait en retrait du monde pour mieux l’embrasser.
Un homme qui dort est peut être Perec quand on sait qu’il aime jouer avec les pronoms et ainsi le «il» du titre et le «tu» du texte renvoieraient. Un homme qui dort serait alors hypothétiquement une biographie renvoyant à la dépressio de Perec dans les années 50 (par ex la chambre de bonne serait une référence à son lieu d’habitation).
Pourquoi cette gêne à assumer une autobiographie ? Le «tu» permet de s’adresser au lecteur, de l’englober et d'«universaliser les propos». La deuxième personne c’est la personne de l’interlocuteur, une sorte de dédoublement. Dans le film, le «tu» est exprimé par une un personnage muet et une voix off féminine.

b) Structure
On a une structure binaire, une alternance entre les chapitres : impair=sommeil pair=réel
Le chapitre 14 est une sorte de fin du monde, de mort symbolique, d’introspection, de retour à la réalité.
Structure linéaire, en crescendo puis decrescendo, évolution dans la strucutre.



2.Enquête sociale et en quête de soi

a)l’Infraordinaire
Un livre apparemment sur «rien» , sans fond, que de la forme, un livre formel.
Flaubert : « Je vais écrire un livre sur rien, qui se tiendrait par la force interne de mon style, qui n’aurait presque pas de sujet. » Perec écrit à partir de contrainte, pour Un homme qui dort la contrainte est de n’écrire sur rien.
C’est décrire, nommer ce que d’habitude on ne voit pas, ce qu’on ne peut pas décrire, et ainsi adopter un nouveau point de vue. Pour ceci, la technique littéraire utilisée est la liste ou la collection, avec effet de répétition et d’accumulation.
L’infraordinaire de Perec : « Ce qui nous parle, c’est toujours l’évènement, l’insolite, l’extraordinaire, cinq colonnes à la une. Les journaux parlent de tout, sauf du journalier. Ce que nous vivons, le reste, où est-il ? Le banal, le quotidien, l’évident, le bruit de fond, l’habituel.
NB : dérivation






b)l’Ecriture du banal
Perec se situe dans cettre tradition réaliste qui décrit le monde et va approfondir cette démarche qui s’observe sur deux plans :
le personnage : psychologie plate, absence d’intériorité, anti-héros
le lieu : un Paris antimythique, des errances comme à la page 26 avec une structure circulaire (bouclage) et une série de collections, l’auteur est «enregistreur», une caméra, pas de création, très précis mais impression d’irréalité par les articles indéfinis pluriel et la réification (les hommes deviennent des choses et perdent leur qualité humaine). Les objets deviennent les sujets et l’homme réduit à une partie ou un vêtement. Le texte est de plus en plus vague avec des questions métaphysiques, l’humanité défile sans but.
Résonnance avec les Sept Vieillards de Baudelaire (Les Fleurs du Mal 1857) et avec Tentative d’épuisement d’un lieu parisien en 1975 (Paris réduit à un adjectif) avec le même projet mais en restant 3 jours à la terrasse d’un café à St-Sulpice. Le but est ici de saisir le transitoire, de neutraliser le langage par une écriture blanche. Barthes : le «degré zéro de l’écriture» càd une absence de style ou plutôt une absence d’effet de style mais ce degré reste un concept fictif, le style étant l’écart, la manière singulière de manier la langue, mais en écart par rapport à quoi ? Il n’y a pas de normes dans une langue, seulement des usages.


3.Littérature et échec (intertexte)

a)Détachement (social) / Rattachement (à la littérature)
intertextualité : le caractère et l'étude de l'intertexte, qui est l'ensemble des textes mis en relation dans un texte donné (texte qui porte la trace d’un texte précédent).
Ecrire un livre sur rien, sans projet de retranscrire un état de la société mais un livre qui serait pure forme, pure littérature car la littérature est la seule réalité qui reste.
Kafka (1883-1942) : Méditations sur le péché, la souffrance, l’espoir et le vrai chemin et Journal. Citation Kafka au début du livre : autocorrectio, citation paradoxale (rester chez soi pour connaître le monde, s’en retirer pour le comprendre)
Melville (1819-1891) : intertexte caché (résumé) de Bartleby 1853 (longue nouvelle) et son clerc de notaire «I would prefer not to»
Le texte de Perec est saturé d’intertexte, en est très riche et charrie beaucoup de réferences. Le personnage est un intellectuel, les références littéraires ont remplacé le monde, il ne vit plus que dans une réalité littéraire et est victime de Bovarysme.

b)Littérature et Dépossession
Le personnage est victime de littérature car l’abondance de références l’empêche de voir la réalité. La littérature nous dépossède de notre propre pensée. Intertexte p.135 renvoie à la La nausée de Sartre, à L’étranger de Camus, au Robinson de DeFoe et au Dr Faustus de Mann. Les deux premiers personnages ressentent l’indifférence et la différence et l’expérience de l’étrangeté du monde. Ces personnages sont des modèles, le personnage de Perec s’y identifie et essaie de reproduire leur Robisonade mais échoue car la solutile est inutile tout comme l’indifférence. Cette vie autarcique supérieure est une impasse, une impossibilité d’arrêter le temps. P.143: prise de conscience de l’échec de ses modèles littéraires et retour à des considérations banales.


Un homme qui dort est un anti-roman parce qu’il nous décrit une rêverie, un sommeil, une expérience intérieure. Refus du monde, refus de l’évènement (objet du roman inverse à celui du roman habituel) et absence de salut par la littérature: il faut réapprendre à vivre dans le monde quand on fermer le livre.

0laf

Messages : 2
Date d'inscription : 30/09/2015

Revenir en haut Aller en bas

Revenir en haut


 
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum